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La cantilène de Sainte Eulalie

cantilène de Sainte Eulalie

La Cantilène – ou Séquence de sainte Eulalie, composée en 880 ou 881, est le plus ancien texte littéraire connu rédigé
dans une langue romane, et non en latin. Il raconte le martyre de sainte Eulalie de Mérida, une jeune fille de treize ans appartenant à une riche famille de Mérida, capitale de l’Estremadure en Espagne. Pour avoir protesté contre les traitements infligés aux chrétiens persécutés dans la ville de Mérida,  par l’empereur romain Dioclétien, elle refusa de renier sa foi et fut  suppliciée en l’an 304 . Quand Eulalie expira sur le bûcher, une colombe blanche
sortit de sa bouche pour s’élever vers le ciel.
Ce texte est une transcription en langue vernaculaire d’une séquence latine de 29 vers, composée à l’abbaye de Saint-Amand, dans le nord de la France.
La Cantilène de sainte Eulalie peur être considéré comme le premier texte littéraire en français.
C’est en 1837 seulement que la Cantilène a été découverte par Hoffmann von Fallersleben, professeur et écrivain en Westphalie.
Le manuscrit fut conservé par l’abbaye d’Elnone, à Saint-Amand les Eaux dans le Nord, entre 1150 et 1790,
puis transmis à la bibliothèque de Valenciennes par les révolutionnaires.
Voici le texte en roman et son adaptation française.

Buona pulcella fut Eulalia.

Bel auret corps bellezour anima.

Voldrent la ueintre li dom Inimi.

Voldrent la faire diaule servir

Elle nont eskoltet les mals conselliers.

Quelle dom raneiet chi maent. sus en ciel.

Ne por or. ned argent. ne paramenz.

Por manatce regiel ne preiement.

Niule cose non la pouret omq; pleier.

La polle sempre non amast lo dom. menestier

E poro fut presentede Maximilien.

Chi rex eret a cels dis soure pagiens

Il li enortet dont lei nonq; chielt.

Qued elle fuiet lo nom xpri ien.

Elle adumnet lo suon element.

Melz sostendreiet les empedementz

Quelle perdesse sa virginitet.

Poros suret morte a grand honestet

Enz enl fou la getterent com arde tost.

Elle colpes non auret poro. nos coist.

A czo nos uoldret concreidre li rex pagiens.

Ad une spede li roueret. toilir lo chief.

La domnizelle celle kose non contredist.

Volt lo seule lazsier si ruouet. krist

In figure de colomb uolat a ciel.

Tuit oram que por nos degnet preier.

Qued auuisset de nos Xptus mercit.

Post la mort & alui nos laist uenir

Par souue clementia

Bonne pucelle fut Eulalie.

Beau corps avait – âme plus belle <encore>.

Voulurent la vaincre les ennemis de Dieu.

Voulurent la faire diable servir.

Elle, n’écoute les mauvais conseillers

Qu’elle renie Dieu qui demeure en le ciel.

Ni pour or, ni argent, ni parure,

Ni menace de roi, ni prière,

Ni autre chose, on ne put jamais contraindre

La jeune fille qu’elle n’aimât toujours le service de Dieu.

Et pour cela fut présentée à Maximilien

Qui roi était en ces jours sur les paiens.

Il l’exhorte, ce dont ne lui chaut,

Qu’elle fuie le nom (de) chrétien

Et pour cela abandonne sa foi :

Mieux souffrirait les fers

Qu’elle perdît sa virginité.

Pour cela elle mourut en grande vertu :

Dans le feu la jetèrent pour qu’elle brulât tôt.

Elle, coulpe n’avait – pour cela ne brûla point.

Mais cela ne voulut croire le roi paien.

Avec l’épée il ordonna de lui ôter le chef.

La demoiselle à cela ne s’opposa.

Le siècle elle veut laisser, si Christ l’ordonne.

En forme de colombe s’envola au ciel.

Prions tous pour que pour nous elle daigne intercéder.

Que Christ de nous ait mercie

Après la mort, et à lui nous laisse venir

Par sa clémence.