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Le point d’ironie et d’autres…

 

point d ironie

LE POINT D’IRONIE

C’est le Belge d’origine française Marcellin Jobard (1792 – 1861), géomètre, lithographe, photographe, inventeur et journaliste belge, qui, dans un texte du journal le Courrier Belge du 11 octobre 1841, utilise pour la première fois le point d’ironie. Dans un rapport sur l’Exposition de 1839, publié en 1842, il explique son projet : Des lacunes de la typographie : « Si l’on trouvait le moyen d’exprimer à l’aide de trois ou quatre signes nouveaux tous les principaux groupes de sensations voisines, de manière à mettre le lecteur en état de rendre à première vue les sentiments de l’auteur, il nous semble qu’on devrait les adopter. […] par exemple un point d’ironie représenté par une petite flèche tiendrait lieu des phrases : dit-il en persiflant, ajouta-t-il en plaisantant, reprit-il d’un air moqueur, etc. […] un point d’irritation, un point d’indignation, un point d’hésitation, tout cela exprimé avec la même flèche placée dans quatre positions différentes. Nous proposons un point de sympathie, un point d’antipathie, un point d’affliction, un point de satisfaction, un signe pour la voix haute, un pour la voie basse, etc. » (Industrie française : rapport sur l’exposition de 1839 — Volume II, p. 350-351).
Marcellin Jobard (lien) a joué un rôle aujourd’hui méconnu dans le développement artistique, scientifique, technologique et industriel de la Belgique en déposant 83 brevets.Penseur et théoricien, il a proposé une théorie économique et sociale, qu’il appelle le Monautopole – le droit naturel de disposer de soi et de ses œuvres.

Après l’inventeur du poinr d’ironie, Marcellin Jobard, c’est le poète, chansonnier et critique d’art Marcel Bernhardt, dit Alcanter de Brahm (1868 – 1942) qui a se fait le promoteur du point d’ironie dans son essai L’Ostensoir des ironies (1899). Le point d’ironie dessiné par Alcanter de Brahm figure dans le Nouveau Larousse illustré de 1905, comme ci-dessous.

point-d-ironie dans dictionnaire

DE NOUVEAUX POINTS…

Dans son livre « Plumons l’oiseau »,Hervé Bazin place le point d’ironie, mais utilise aussi de nouveaux signes de ponctuation – qu’il appelle points d’intonation : les points de doute, de conviction, d’acclamation, d’autorité et d’amour.

plumons l oiseau

Raymond Queneau crée en 1933 le point d’indignation (¡¡) dans son roman « Le Chiendent ».

Michel Ohl crée le point d’aisance ou point de merde (ῳ) qui se compose d’un oméga minuscule placé sur un point d’exclamation, et prend ainsi une forme évocatrice…

Martin K. Speckter crée en 1962i le point exclarrogatif (‽), une fusion du point d’interrogation et d’exclamation.. Il peut être utilisé à la fin d’une phrase pour exprimer à la fois l’excitation et l’incrédulité.

Olivier Houdart et Sylvie Prioul proposent dans leur livre « La Ponctuation ou l’art d’accommoder les textes » (2006), le «point de dépit mêlé de tristesse» dont le symbole est un alignement vertical de trois points (⋮).

EMPLOI DES POINTS

De tous les points présentés ici, seul le point d’ironie est utilisé, particulièrement dans les colonnes du journal « Le canard enchaîné » où il sert idéalement les articles moqueurs et satiriques du journal. À noter l’utilisation du point d’ironie utilisé comme titre du périodique d’art « Point d’ironie » de la créatrice de mode Agnès B.
Pourquoi ce signe de ponctuation n’a-t-il pas été plus utilisé ? Certains disent que la ponctuation d’ironie tue l’ironie et qu’elle s’évanouit quand on la marque trop explicitement. Linda Hutcheon –  universitaire canadienne spécialisée dans l’étude de la théorie de la littérature – explique : « c’est l’absence d’indices trop insistants qui caractérise l’ironie la plus subtile. L’ironie atteint sa plus grande efficacité lorsqu’elle est la moins présente. «